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Le cyberblanchiment
10 avril 2007

Témoignage:les méfaits des casinos virtuels

Pour protéger sa véritable identité, appelons-la Pascale. Agée de 30 ans, cette assistante commerciale vit à Paris. Pendant ses vacances, elle fréquente régulièrement les salles des casinos "réels". En juillet dernier, sa passion a trouvé un nouveau terrain de jeu avec les croupiers en ligne. "Avant cet été, j'avais souvent joué en démo sur des casinos en ligne, explique-t-elle. Et puis en juillet, je me suis décidée et j'ai joué cinq fois sur des services payants pour un montant total d'environ 350 dollars." Une somme que Pascale n'est pas prête d'oublier.

Décidée à tenter sa chance, sa première expérience sera sur le site du casino virtuel Partouche. En toute logique, elle se voit alors bloquée juste après son inscription en ligne. Sur l'écran, un avertissement : "Il n'est plus possible d'accéder aux jeux réels de Casino Partouche International, avec pour moyen de paiement une carte de crédit délivrée par une banque française". Pascale est alors incitée à se rendre sur un autre site, Casino770.com. Là, elle ne rencontre aucun obstacle pour s'inscrire aux jeux d'argent monnayables en dollars. Mais le site se révèle au final peut fiable. "Leurs machines à sous se sont déréglées, se souvient-elle. J'ai gagné 500 pièces de 10 cents et la machine ne m'en a payé que 80. J'ai envoyé des mails à Casino770.com pour leur demander des explications. Ils m'ont demandé des éléments de preuve que je leur ai transmis. Je n'ai jamais eu de réponses de leur part."

Suite à cette première tentative, Pascale persiste et s'inscrit sur IndianOceanCasino.com, un site dont le nom de domaine a été déposé par la société EditNet sur l'Ile Maurice. Après avoir téléchargé le logiciel "sécurisé" de jeu en ligne, elle entame ses premières parties qui, là aussi, réservent quelques surprises. "Au jeu de la roulette, le site s'est bloqué alors que j'avais 270 dollars de gains. J'ai attendu un quart d'heure dans l'espoir que tout redevienne normal. Finalement, exaspérée par l'attente, j'ai arrêté mon ordinateur. Lorsque que je suis revenue sur l'interface, il n'y avait aucun moyen de récupérer la mise." Pascale envoie alors des e-mails de réclamation au site pour récupérer ses 270 dollars.

Après plusieurs tentatives, elle parvient à entamer une correspondance avec Christine, une chargée clientèle francophone, installée au Canada et représentante de GamblingFederation.com. Cette société, dont le nom de domaine a été déposé au Costa Rica, est spécialisée dans l'affiliation de casinos en ligne. Elle fournit aux éditeurs qui souhaitent exploiter un site de jeu l'infrastructure technique. Elle gère également l'encaissement des dépôts et la répartition des gains. Le modèle économique de GamblingFederation.com repose sur une répartition des revenus, l'éditeur affilié recevant 35 à 65 % de commissions sur les pertes des joueurs. IndianOceanCasino.com, le site visité par Pascale, est justement l'un des affiliés de GamblingFederation.com.

Après quelques échanges d'e-mails, Christine se veut rassurante : les gains de Pascale vont lui être envoyés par chèque via DHL. En consultant le service de tracking en ligne de DHL, Pascale s'aperçoit alors que le paquet contenant le chèque effectue un périple étonnant entre le 6 et 16 août : Montréal (Canada), Cincinnati (Etats-Unis), Bruxelles (Belgique) puis, enfin, Paris (France). Mais une surprise attend Pascale un mois plus tard. Le 19 septembre, son agence bancaire à Paris lui téléphone pour signaler qu'elle refuse d'encaisser la somme, payée en deux chèques (100 et 170 dollars). Pour l'agence, ces chèques émis par des banques inconnues fleurent le blanchiment. Après dix jours de tractations, l'agence accepte finalement d'encaisser le chèque de 170 dollars. "Mais, il ne sera sur mon compte que dans un délai de trois semaines à six mois. Et une commission de 15 dollars de frais sur ce chèque est retenue." Pour le chèque de 100 dollars, les négociations sont toujours en cours.

Pour Pascale, les conséquences de cette immersion dans l'univers des casinos virtuels ne s'arrêtent pas là. Sur son relevé de compte, elle s'aperçoit que les débits qui correspondent aux sommes versées pour alimenter ses parties sur IndianOceanCasino.com, sont effectués par divers établissement bancaires étrangers "aux noms très exotiques avec des taux de commissionnement très différents". De quoi se sentir embarqué dans des affaires au goût sordide. Autre désagrément, presque anecdotique : Pascale est aujourd'hui inondée de spam sur sa boîte mail qui l'invitent à jouer sur des casino en ligne. Elle ne les regarde même plus.

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